Nouveau lien entre l’alimentation et le traitement du cancer du sein
Saviez-vous que chaque heure, quelque part dans le monde, on fait une découverte qui nous aide à en apprendre davantage sur le cancer?
Bien, les chercheurs ont récemment appris quelque chose de nouveau qui pourrait avoir un impact sur la façon dont nous traitons le type de cancer du sein le plus courant. Une équipe de scientifiques de renom a publié ses conclusions sur un lien alimentaire fascinant qui pourrait aider les personnes atteintes d’un cancer du sein à récepteurs d’œstrogènes positifs (ER+) à mieux comprendre l’incidence des choix alimentaires sur leur santé.
L’étude, dirigée par le Dr Senthil Muthuswamy de la Harvard Medical School, a établi un lien entre un acide aminé commun appelé leucine et les cancers du sein ER+ pharmacorésistants. Poursuivez la lecture pour découvrir ce que cela pourrait signifier pour les patientes atteintes de ce type courant de cancer du sein!
QU’EST-CE QUE LA PHARMACORÉSISTANCE?
Les cancers ER+ sont alimentés par les œstrogènes, donc un traitement courant pour les cancers du sein ER+ est un médicament bloquant les œstrogènes comme le tamoxifène. Lorsque les œstrogènes ne peuvent plus se relier aux cellules cancéreuses, la croissance et la propagation du cancer sont arrêtées. Cependant, de nombreuses tumeurs deviennent résistantes à ces types de médicaments, ce qui signifie que ceux-ci ne sont plus efficaces pour bloquer les œstrogènes et permettent au cancer de récidiver ou de se propager. Les médecins ne savent pas toujours pourquoi cela se produit, mais ils en savent peut‑être maintenant un peu plus sur les facteurs en jeu.
LA LEUCINE ET LA PHARMACORÉSISTANCE
La leucine est l’un des neuf acides aminés essentiels non produits par le corps humain, que l’on trouve principalement dans les aliments riches en protéines comme le bœuf, le porc, le poulet, le poisson, le soja et les produits laitiers. En laboratoire, l’équipe du Dr Muthuswamy a découvert que la diminution des taux de leucine supprimait la capacité des cellules tumorales d’augmenter et de se reproduire, alors que l’augmentation des taux de leucine favorisait leur croissance.
Toutefois, il est intéressant de noter que l’équipe du Dr Muthuswamy a également découvert que les cellules pharmacorésistantes pouvaient se développer même avec de faibles taux de leucine. Des recherches plus poussées ont permis de montrer que les cellules résistantes au tamoxifène ont des taux accrus d’une protéine appelée SLC7A5, qui permet à la leucine d’être absorbée par la cellule. Plus les niveaux de SLC7A5 sont élevés, plus la cellule peut absorber de leucine. Cela a suffi pour rendre les cellules cancéreuses résistantes au tamoxifène[1], et ils ont ensuite découvert que le blocage de la SLC7A5 (et donc le blocage de la leucine) aidait les tumeurs à régresser.
QU’EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE?
Les chercheurs sont, à juste titre, enthousiasmés par ces résultats. La pharmacorésistance est la principale cause de décès chez les femmes atteintes d’un cancer du sein ER+, entraînant plus de 40 000 décès chaque année aux États-Unis. L’étude suggère que l’on pourrait utiliser cette information sur la leucine pour prévenir la pharmacorésistance. Une fois qu’un cancer du sein ER+ devient résistant au traitement bloquant l’œstrogène, il reste peu d’options thérapeutiques. Les scientifiques espèrent donc que l’adoption d’un régime à faible teneur en leucine chez certaines patientes pourrait réduire l’incidence de la pharmacorésistance et mener à de meilleurs résultats pour la santé. Ils étudient même la possibilité de créer un médicament qui pourrait bloquer la SLC7A5 et la capacité de la cellule cancéreuse à absorber la leucine.
Dr Muthuswamy affirme que la plupart des médecins et des oncologues suggèrent à leurs patients d’essayer d’avoir une alimentation saine, mais il croit que cette recherche pourrait les aider à fournir des lignes directrices plus précises.
DONC, AVEC TOUT CELA À L’ESPRIT, QUE DEVRAIT FAIRE UNE PATIENTE ATTEINTE D’UN CANCER DU SEIN ER+?
Pour commencer, n’oubliez pas que cette recherche n’en est qu’à ses débuts. Les scientifiques ont découvert un lien cellulaire, mais ils doivent faire plus de tests pour voir si la réduction de la leucine alimentaire aurait un effet réel sur les tumeurs chez les animaux et les humains. Bien qu’elle soit prometteuse, elle ne garantit malheureusement pas que l’élimination ou la réduction de la leucine aurait un impact énorme sur la santé d’une patiente.
Finalement, d’autres recherches sont nécessaires pour nous aider à bien comprendre les effets de la leucine sur le cancer du sein. À l’heure actuelle, il n’y a pas assez de recherches pour suggérer de commencer à éliminer certains aliments de votre alimentation, d’autant plus que la leucine joue un rôle important dans la croissance musculaire et la prévention de la détérioration musculaire à mesure que nous vieillissons. Vous pourriez plutôt essayer de trouver des façons de consommer davantage d’aliments à base de plantes, car non seulement ils contiennent moins de leucine que leurs équivalents non végétaux, mais ils offrent aussi de nombreux autres bienfaits pour la santé (voir le guide alimentaire canadien mis à jour).
Dans l’ensemble, le Dr Muthuswamy et son équipe sont enthousiasmés par la recherche, mais soulignent qu’il reste encore du travail à faire. Il précise également que leur étude n’insinue pas que la leucine favorise la croissance des cellules cancéreuses du sein, mais seulement qu’une réduction de l’apport en leucine pourrait être bénéfique pour les patientes actuellement aux prises avec un cancer du sein ER+.
Pour lire l’étude complète, consultez The Harvard Gazette au lien ci-dessous (en anglais seulement).
https://news.harvard.edu/gazette/story/2019/05/dietary-link-found-to-drug-resistant-breast-cancer/.
Et n’oubliez pas, si vous souhaitez travailler sur vos objectifs personnels en matière de nutrition ou si vous voulez en savoir plus sur la façon dont une saine alimentation pourrait faire partie de votre vie, vous pouvez vous inscrire au coaching individuel en nutrition avec moi dès aujourd’hui!
Emily Fitzgerald, MScFN, Dt.P.
Coach en nutrition