Défier « la normalité » grâce à un essai clinique
Lorsqu’Elaine Cawadias a appris qu’elle avait le cancer de l’ovaire, un sentiment plutôt inattendu l’a envahi : le soulagement.
Ses symptômes étaient apparus un mois seulement après son dernier rendez-vous avec son oncologue, où on lui avait annoncé une « rémission complète ». Elaine est une survivante du cancer du sein, et était alors en rémission depuis presque sept ans.
« À ce moment, il n’existait aucun traitement pour la récidive du cancer du sein triple négatif. Les femmes ne survivaient que pendant environ six mois, dit Elaine. Lorsque de nouveaux symptômes se sont développés, nous avions peur que le cancer du sein soit de retour. À ce point, mon mari et moi avons commencé à faire certaines choses, comme partager nos mots de passe. »
Elaine savait que le pronostic du cancer de l’ovaire pouvait aussi être mauvais, et que les récidives étaient courantes, mais elle croyait quand même avoir une chance. « On a diagnostiqué ce cancer au stade 3, mais j’avais espoir en l’idée de lutter contre un type de cancer différent en essayant de nouveaux traitements. »
Elaine a subi une opération et une chimiothérapie, conservant son attitude positive, même lorsque le cancer est réapparu une année plus tard seulement. Elle a alors suivi une prochaine série de chimiothérapie tout en continuant de travailler, même en voyageant avec sa famille en Chine et au Pérou entre les traitements. Après une autre récidive huit mois plus tard, elle a terminé un autre traitement de chimiothérapie et a demandé à son médecin si elle était une bonne candidate pour participer à un essai clinique.
Sa réponse : « J’allais justement le suggérer moi-même. »
Elaine connaissait l’existence des essais cliniques grâce à son travail auprès de patients atteints de la SLA au Centre de réadaptation de L’Hôpital d’Ottawa. Elle comprenait qu’elle n’allait peut-être pas y trouver un « remède miracle », mais qu’il valait la peine de l’essayer. Lorsque son état ne s’améliorait pas pendant les six premiers mois de l’essai, ses médecins ont découvert qu’elle était dans le groupe placebo, et l’ont déplacée dans une autre branche de l’essai afin qu’elle reçoive le traitement actif, un inhibiteur de PARP appelé Rucaparib.
Puis, les résultats se sont rapidement manifestés. « J’hésite à dire que je suis en rémission ou que je suis guérie, car on ne sait jamais vraiment, dit Elaine. Mais mes examens au tomodensitogramme ne montrent aucun signe de cancer, et mes analyses de sang sont contrôlées. »
Et c’est le cas depuis plus de deux ans.
« Après la première année, j’étais étonnée de voir que les résultats de mes examens par tomodensitogramme étaient si bons. Puis une deuxième année s’est écoulée. C’est vraiment incroyable. »
Sauf un peu de fatigue et de sensibilité au soleil, Elaine ne souffre d’aucun effet secondaire. Ses cheveux ont repoussé depuis la chimiothérapie, et elle est reconnaissante de ne plus souffrir de fatigue débilitante.
« La vie est plutôt belle en ce moment, » dit-elle.
Bien qu’Elaine se demande parfois combien de temps le traitement fonctionnera, elle se dit chanceuse. Même à travers toutes les récidives et l’incertitude, elle n’a jamais perdu son positivisme, expliquant que celui-ci lui donne un peu de normalité lorsque la vie est toute sauf normale.
En effet, Elaine se rappelle d’une visite chez le médecin où un résident qui observait le rendez-vous était stupéfait d’entendre qu’elle avait continué de voyager et de s’entraîner avec son entraîneur personnel, même durant la chimiothérapie.
Son médecin a répondu tout simplement : « Elaine n’est pas une patiente ordinaire. »